Description de l'episode
Il était une fois dans un petit village enneigé, une légende que tous connaissaient mais que
personne n'osait raconter à voix haute.
On disait qu'à Noël, lorsque la grande cloche de l'église sonnait minuit, un miracle
pouvait se produire, mais ce miracle avait un prix.
Ce soir-là, la neige tombait en silence, étouffant les pas et les voix, les maisons
luisaient de bougies, les enfants riaient autour des cheminées et les cloches s'apprêtaient
à sonner la messe de minuit.
Tous s'y rendaient, sauf un petit garçon.
Il s'appelait Hélois, orphelin, il vivait à la lisière du village, dans une cabane
sombre.
Personne ne l'invitait à partager le repas, personne ne lui offrait de cadeaux.
Il observait les lunières depuis la fenêtre, ses mains glacées serrées contre son cœur.
Mais cette nuit de Noël, il décida de sortir.
Il voulait voir, au moins une fois, la cloche de minuit.
La neige lui mordait les pieds nus, le vent lui arrachait le souffle, il traversa les
ruelles désertes, éclairé par des lanternes vacillantes, et lorsqu'il arriva devant l'église,
il s'arrêta.
La grande porte était close, mais la lumière filtrait par les vitraux, des chants montaient
doux et puissants.
Hélois s'approcha, posa sa main sur la pierre froide, et murmura.
« J'aimerais tant entrer ». Alors, derrière lui, il entendit une voix.
« Douce, presque un murmure ».
« Tu peux ».
Il se retourna.
Personne.
Seulement une silhouette dans la neige, fine, vêtue d'un manteau blanc, ses yeux brillaient
comme deux étoiles.
La silhouette lui tendit la main.
« Viens, suis-moi ».
Sans comprendre pourquoi, Hélois obéit.
La porte de l'église s'ouvrit toute seule, et ils pénétrèrent dans la nef, mais l'intérieur
n'était pas celui qu'ils connaissaient.
Les bancs étaient vides, les bougies éteintes.
Seule la cloche résonnait au-dessus de leur tête, suspendue dans l'ombre de la charpente.
Chaque vibration faisait trembler le sol.
Hélois l'éva les yeux, fasciné.
La cloche brillait d'un éclat d'or, comme si elle était vivante.
La silhouette murmura.
« À minuit, elle choisira.
Un vœu exaucé, en échange d'une âme. »
Le cœur d'Hélois s'emballa.
Il n'avait qu'un vœu, ne plus être seul.
Mais il comprit le prix.
Il se demandait.
Il devrait payer.
Les coups commencèrent.
Un, deux, trois.
Chaque battement vibrait dans ses os.
À dix, ses genoux fléchirent.
À onze, ses yeux se remplirent de larmes.
Puis vint le douzième.
La cloche s'illumina.
Sa lumière se répandit dans toute l'église,
révélant des centaines de silhouettes assises sur les bancs.
Ce n'étaient pas les villageois, mais des spectres.
Hommes, femmes, enfants, tous vêtus d'habits anciens.
Ils fixaient Hélois en silence.
Leurs yeux vides attendaient.
Alors la cloche parla.
Sa voix était grave, résonante.
« Que désires-tu, enfant ? »
Hélois sentit sa gorge se serrer.
Ses mains tremblaient.
« Il aurait pu fuir.
Mais son vœu brûlait trop fort, il cria.
Je veux une famille.
Je veux ne plus être seule. »
Un silence tomba.
Puis les spectres se levèrent.
Un à un, ils s'approchèrent, leurs pas glissant sur le sol.
Ils entourèrent Hélois,
leurs mains glacées fleurant ses épaules, ses joues, ses bras.
Et pour la première fois,
il ne sentit plus le froid.
« La cloche résonna une dernière fois.
Ton vœu est exaucé. »
Depuis ce jour,
Hélois n'a plus jamais été vu au village.
Certains disent qu'il a trouvé une famille
quelque part loin d'ici.
Mais d'autres jurent que chaque Noël à minuit,
si tu oses entrer seul dans l'église,
tu le vois,
assis sur un banc,
entouré de silhouettes blanches,
souriant, enfin.
« Mais ses yeux brillent comme de braise.
Ils ne te quittent pas du regard. »
Alors,
les anciens répètent encore,
« Quitte-toi de la cloche de minuit,
car chaque vœu a un prix,
et chaque prix est une âme. »