Description de l'episode
Il était une fois dans une ville comme tant d'autres, un homme qu'on ne voyait plus.
Enfin, on le voyait sans le regarder, on passait devant lui chaque matin, chaque soir,
et on détournait les yeux comme on détourne les pensées trop lourdes.
Il s'appelait Mathieu, mais pour la plupart des gens, il n'était qu'un clochard, un sans-abri, un mendiant.
Lui, il préférait dire sans chez moi, parce qu'un abri, il en avait un,
un vieux pont de pierre au bord de la rivière où les étoiles venaient lui tenir compagnie.
Sous ce pont, il avait installé un vieux matelas, quelques couvertures et une boîte en métal où il rangeait ses trésors,
une photo pliée d'une femme qu'il avait aimée, un petit carnet plein de mots
et une pierre en forme de cœur qu'un enfant lui avait donnée un jour.
C'était son monde, minuscule mais vrai.
Chaque matin, il se levait avant les autres, avant la ville, avant le bruit.
Il regardait le soleil se lever sur l'eau et disait doucement, encore un jour de gagner.
Un jour, une jeune fille est passée devant lui, pas comme les autres.
Elle ne s'est pas contentée de lui jeter une pièce.
Elle s'est assise et lui a dit,
« Bonjour, vous écrivez quoi dans votre carnet ?
Mathieu a haussé les épaules, des bouts de moi pour ne pas me perdre.
Elle a souri et elle est revenue le lendemain, et le lendemain encore.
De fil en aiguille, ils ont parlé de tout, de la pluie, de la vie, de la peur, du courage, du froid, des rêves.
Elle s'appelait Lina, étudiante en art.
Un soir, elle lui a demandé,
« Et si on racontait votre histoire, pas pour apitoyer,
mais pour montrer que tout le monde peut tomber et aussi se relever ? »
Alors ils ont écrit ensemble un conte,
un conte sur un homme qui avait tout perdu sauf la dignité,
un conte qu'elle a lu à la radio de son école et que des centaines de personnes ont entendu.
Le lendemain, des mains se sont tendues de vraies mains,
des cafés ont été offerts, des sourires ont remplacé les regards fuyants,
et Mathieu, petit à petit, a trouvé un toit,
pas un palais, mais un vrai chez lui.
Un soir, avant de quitter son pont pour la dernière fois,
il a levé les yeux vers le ciel et murmuré,
« Merci les étoiles de m'avoir tenu éveillé jusqu'à ce qu'on me voit enfin. »
Personne ne choisit de tomber,
mais tout le monde peut choisir d'aider à se relever.
Derrière chaque visage fatigué, il y a une histoire,
et souvent un espoir qui attend juste d'être écouté.
Annexes
Contes modernes - Radio Solidarité
Ici, pas de baguette magique. Pas de château. Pas de prince.
Juste des voix. Celles qu’on n’entend jamais.
Celles des précaires, des invisibles, des enfants oubliés, des anciens qu’on évite, des jeunes qu’on juge, des gens qu’on croise sans les voir.
Chaque conte est une fable sociale.
Écrite avec rage, tendresse, humour ou gravité par Laurent Frémal et Lue par Luc Bolssens
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